N° 04/30 | L’ultra pouvoir des ultrasons
Le cancer de la prostate touche un homme sur deux en France. Rien qu’à Lyon, plus de 1 500 patients sont traités chaque année. Heureusement aujourd’hui, certains ont eu leur vie améliorée, voire épargnée, grâce aux super-pouvoirs des ultrasons à l’origine d’une innovation des années 1990 : l’Ablatherm®. Retour sur une aventure humaine et scientifique entre un laboratoire de recherche lyonnais, le service d’urologie de l’hôpital Edouard Herriot et un industriel vaudais spécialiste des ultrasons thérapeutiques.
Une innovation issue d’une ″machine à casser les pierres″
Longtemps, seule la chirurgie permettait aux malades d’un cancer de la prostate de guérir, jusqu’à ce que le Laboratoire Thérapie et Applications Ultrasonore (LabTAU) de l’Université Claude Bernard Lyon 1 décide d’adapter son générateur d’ondes de choc – le lithotriteur – qu’il avait conçu pour détruire les calculs rénaux et biliaires. Son but était de traiter le cancer de la prostate, sachant qu’une étude avait montré en 1990 que l’émission d’ultrasons de haute intensité était susceptible de nécroser des cellules cancéreuses. Après des premiers essais, 15 patients ont été traités à l’aide de la sonde d’ultrasons du LabTAU dans le cadre d’une étude pilote en 1993. Six prototypes ont ensuite été construits pour les besoins d’un programme européen en 1995. Puis le dispositif a obtenu l’autorisation de la Food & Drug Administration américaine pour lancer une étude aux Etats-Unis en 1999. Enfin, l’appareil – l’Ablatherm® – obtient le label de la Communauté européenne en 2001.
Un destin industriel et international pour les ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU)
Le destin des HIFU ne s’arrête pas là. Non seulement leurs applications s’étendent désormais à d’autres traitements (foie, reins, glaucome) mais en plus la société EDAP-TMS, partenaire de la première heure localisée à Vaulx-en-Velin, commercialise le dispositif. Plus de 50 000 traitements ont été effectués à ce jour dans le monde et trois générations de machines se sont succédées en 2000, en 2005 et en 2013. La dernière, Focal One, combine les ultrasons, l’imagerie par IRM et l’échographie 3D pour détruire la tumeur avec une précision inégalée, en une séance seulement.
Et comme l’a témoigné l’un des pionniers de la technologie, Rémy Souchon, qui a obtenu un Prix Inserm en 2004 pour la programmation informatique du prototype de l’Ablatherm® : c’est une vraie satisfaction de savoir « toutes les personnes qui peuvent aujourd’hui sortir guéries de l’hôpital grâce aux machines que nous avons construites. »
Pour aller plus loin : Cette inventivité lyonnaise en matière de lutte contre le cancer illustre bien la vocation et les missions de recherche scientifique, de transfert technologique et de recherche clinique du Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes (CLARA), qui soutient d’ailleurs EDAP-TMS avec son label ″Preuve du Concept″, pour son engagement en oncologie.